On pourrait le dire autrement. Au milieu de la plage, cet arbre minuscule. Pas même un arbre, le tronc est plus fin qu’une brindille. Des branches qui tiennent miraculeusement au vent. Un arbre qui aurait dû être piétiné mille fois pendant l’heure auprès de laquelle je l’ai veillé, amoureusement, simplement présent à lui, violemment. Quand je suis parti, il tenait encore debout, chaque seconde gagnée sur le miracle : survie aussi acquise sur moi, en moi. Voilà le visage. Ce qu’on prenait pour le roulement de l’Océan n’était que le bruit du vent dans ses branches de rien – j’étais là pour l’entendre, et le faire entendre.
Lève la tête ; ces mots qui reviennent soudain alors, dans leur tendresse infinie : oui ; devant moi, l’arbre, l’Océan, qui s’ajuste à lui, et entre tout cela, une foule que l’été de novembre avait déposée là pour ne rien voir. En levant la tête, c’est tout cela qu’on aurait vu. Je tends les bras, je touche presque la côte, là-bas, et je vois tout.
[texte intégral]
lève la tête
Arnaud Maïsetti
On pourrait le dire autrement. Au milieu de la plage, cet arbre minuscule. Pas même un arbre, le tronc est plus fin qu’une brindille. Des branches qui tiennent miraculeusement au vent. Un arbre qui aurait dû être piétiné mille fois pendant l’heure auprès de laquelle je l’ai veillé, amoureusement, simplement présent à lui, violemment. Quand je suis parti, il tenait encore debout, chaque seconde gagnée sur le miracle : survie aussi acquise sur moi, en moi. Voilà le visage. Ce qu’on prenait pour le roulement de l’Océan n’était que le bruit du vent dans ses branches de rien – j’étais là pour l’entendre, et le faire entendre.
Arnaud Maïsetti
Commentaires
(je conseille de lire le texte et de ne voir la photo qu'après)
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