Quand mes pensées s’arrêtent
Et figent les instants
Quand en moi se répètent
D’autres lieux d’autres temps
Quand d’un mot d’une phrase
S’estompe le décor
Et quand un ange passe
D’ennui ou de remords…
Je cours après mon ombre
Et nul ne sait
Quand la folle nature
Me fait de grands cadeaux
Quand d’une fleur d’un murmure
Me vient comme un écho
Quand soudain souvenances
Vont s’accrochant aux heures
Et quand réminiscences
M’emplissent de langueur
Je cours après mon ombre
Et nul ne sait
Quand mes pensées s’arrêtent
Et figent mes pensées
Quand en moi se projettent
Appréhensions rentrées
Quand le temps et ses traces
Me gavent de frayeurs
Et quand je les ressasse
Ricanant de mes peurs…
Je cours après mon ombre
Et nul ne sait
Quand les jours en dériveSe taisent infiniment
Quand l’image s’esquiveEt se couvre d’un blanc
Quand les anges s’éloignentEt n’en ai chaud ni froid
Et quand regrets me gagnentD’en être sans émoi…
Je cours après mon ombreEt nul ne sait
Esther Granek
Je cours après mon ombre, 1981