Graziella 18

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XXIV


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Graziella by Jules-Joseph Lefebvre (1878)

Nous éveiller au cri des hirondelles qui effleuraient notre toit de feuilles sur la terrasse où nous avions dormi ; écouter la voix enfantine de Graziella, qui chantait à demi-voix dans la vigne, de peur de troubler le sommeil des deux étrangers ; descendre rapidement à la plage pour nous plonger dans la mer et nager quelques minutes dans une petite calanque, dont le sable fin brillait à travers la transparence d’une eau profonde, et où le mouvement et l’écume de la haute mer ne pénétraient pas ; remonter lentement à la maison en séchant et en réchauffant au soleil nos cheveux et nos épaules trempés par le bain ; déjeuner dans la vigne d’un morceau de pain et de fromage de buffle, que la jeune fille nous apportait et rompait avec nous ; boire l’eau claire et rafraîchie de la source, puisée par elle dans une petite jarre de terre oblongue qu’elle penchait en rougissant sur son bras, pendant que nos lèvres se collaient à l’orifice ; aider ensuite la famille dans les mille petits travaux rustiques de la maison et du jardin ; relever les pans de murs de clôture qui entouraient la vigne et qui supportaient les terrasses ; déraciner de grosses pierres, qui avaient roulé, l’hiver du haut de ces murs sur les jeunes plants de vigne, et qui empiétaient sur le peu de culture qu’on pouvait pratiquer entre les ceps ; apporter dans le cellier les grosses courges jaunes dont une seule était la charge d’un homme ; couper ensuite leurs filaments qui couvraient la terre de leurs larges feuilles et qui embarrassaient les pas dans leurs réseaux ; tracer entre chaque rangée de ceps, sous les treilles hautes, une petite rigole dans la terre sèche, pour que l’eau de la pluie s’y rassemblât d’elle-même et les abreuvât plus longtemps ; creuser pour le même usage, des espèces de puits en entonnoir au pied des figuiers et des citronniers : telles étaient nos occupations matinales, jusqu’à l’heure où le soleil dardait d’aplomb sur le toit, sur le jardin, sur la cour, et nous forçait à chercher l’abri des treilles. La transparence et le reflet des feuilles de vigne y teignaient les ombres flottantes d’une couleur chaude et un peu dorée.

 

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